Chez Les Bleus — Épisode 4

NUIT DU VENDREDI -- APPARTEMENT D’ADAM

Adam est profondément endormi lorsqu’il est soudain tiré de son sommeil par une respiration haletante et forte. Il se retourne et découvre Timothé, transpirant, bougeant dans tous les sens, soufflant et murmurant des choses incompréhensibles. Il est en plein cauchemar. Adam ne sait pas ce qu’il est en train de revivre, mais ça lui parait violent vu sa réaction et la souffrance qu’il semble ressentir.

Adam ne sait pas quoi faire. Il n’ose pas intervenir, mais d’un autre côté le voir comme ça lui fait mal au cœur, il aimerait l’aider. Il ne sait pas s’il doit le réveiller. Hésitant, il pose sa main sur son torse, pour essayer de l’apaiser. C’est alors que Timothé ouvre les yeux, en panique. Il saisit d’une main le bras d’Adam, de l’autre son cou, et dans un mouvement l’amène au sol en le faisant basculer au-dessus de lui. Puis, il le bloque au sol en appuyant sur sa trachée avec son avant-bras. Adam est choqué, il tente de se défaire mais c’est comme si Timothé ne le reconnaissait pas, qu’il était dans un autre monde. Il peine à respirer. Il finit par réussir à bredouiller d’une voix étranglée : “Tim ! C’est moi !”.

Timothé s’arrête. Son souffle est fort, il peine lui aussi à respirer tant il semble paniqué. Il regarde Adam et semble revenir à la raison. Aussitôt, il enlève son bras et se recule. Il s’éloigne de lui comme s’il en avait maintenant peur.
- Je… je suis désolé ! lance-t-il
Adam recule à son tour et retourne sur le lit. Il tousse, tente de reprendre sa respiration coupée à la fois par ce qu’il vient de se passer, mais aussi par la peur et la surprise. Il ne sait pas comment réagir, il aimerait le prendre dans ses bras mais il n’ose plus l’approcher. Timothé se lève et disparaît dans le séjour. Quelques minutes plus tard, la porte claque. Il est parti.

Adam est assis sur son lit. Il ne sait pas quoi faire. Il aimerait rattr Timothé, le serrer dans ses bras, lui dire que ça n’est pas grave, qu’il ne lui en veut pas.

Mais il n’ose pas.

LE DIMANCHE -- COMMISSARIAT CENTRAL

Adam a passé le samedi sans nouvelles de Timothé. Il espérait le croiser aujourd’hui, mais dimanche le patron ne travaille pas. Tandis qu’il se pointe au commissariat pour prendre son service, il aimerait grimper les étages et aller frapper à son appartement. Mais la seule fois où il a réussi à l’avoir au téléphone, Timothé lui a demandé de le laisser seul.

Après s’être changé et avoir mis son polo bleu clair d’uniforme et son pantalon marine d’intervention, Adam se rend à la cafétéria au premier étage. C’est dimanche, elle est déserte, il n’y a que quelques services de voie publique dans le commissariat. Les mains appuyées sur son ceinturon, il attend que la machine veuille bien fonctionner et lui sortir un café. Agacé, il finit par frapper à grands coups de plat de la main sur la paroi, comme si cela allait faire couler son café : “Putain !”
- Et bien… détérioration du matériel administratif ?
Adam se retourne et découvre Timothé dans l’encadrement de la porte, les mains dans les poches de son jean. Il est en civil, porte une chemise en jean clair aux manches retroussées sur un t-shirt blanc, un jean bleu foncé et des boots camel.
- Ah, t’es là ?
- Oui.
- Ça me fait plaisir de te voir.
- Ecoute Adam… il faut qu’on parle de ce qu’il s’est passé l’autre nuit…
- C’est pas grave ! Je peux comprendre tu sais…
- Justement non. Laisse-moi parler s’il-te-plait…
Timothé avait repris son allure et son ton de commissaire pour s’adresser à Adam, il imposait son point de vue sans lui demander son avis.
- Tu crois comprendre, tu crois accepter. Mais si ça avait été plus grave ? Si je t’avais vraiment blessé ? Moi je ne peux pas l’accepter, tu comprends ? C’est un risque que je ne peux pas prendre.
- Mais… ça veut dire quoi ça ?
- Ça veut dire qu’il serait plus avisé que l’on ne se voit plus pour le moment. Je dois régler mes problèmes.

- T’es sérieux là ?
- Je suis désolé, mais je n’ai pas le choix.
Timothé tourne les talons et repart dans le couloir. Adam lui, est sous le choc. Il ne sait plus quoi penser. Il se retrouve là, figé devant la machine à café.... avec sa boisson qui ne veut toujours pas couler. Il s'assoit, prend sa tête dans ses mains, puis pousse une grande expiration. Il abandonne finalement l’idée de boire un café et rejoint sa brigade, passablement énervé.

À son arrivée dans la salle des Proxi, Julie l’attend, en train de boire un café.
- Putain bah tu l’as trouvé où ton café ? Je viens de me battre avec la machine !
- Je ramène mon thermos, t’en veux un ?
- Ça te dérange pas ?
- Non vas-y. Ça va toi ? demande Julie tandis qu’elle sert un café à Adam dans un gobelet.
Adam s’assoit à côté d’elle et prend sa tête dans ses mains : “Ça va, c’est juste une mauvaise journée.”
- Toi… y’a un truc que tu ne me dis pas.
- Tu sais que j’t’adore, vraiment. Mais là c’est un truc… enfin je voudrais t’en parler, mais j’peux pas.
- Je comprends… mais j’aime pas te voir comme ça. Tu sais t’es un des seuls mecs que j’apprécie ici, toi et moi on est amis maintenant, avant d’être collègues.
- Evidemment qu’on est amis ! répond Adam en souriant. “C’est juste que…”
Julie le regarde d’un air interrogatif, attendant la suite de sa phrase.
- Bon, tu dois me promettre que ce que je vais te dire restera entre nous, quoi qu’il arrive.
- Bah évidemment enfin !
- Non mais je suis sérieux, c’est important.
- Oui ne t’en fais pas !
- Voilà… bon c’est pas simple à annoncer mais… je préfère les garçons.
Un silence s’installe. Julie regarde Adam avec un air surpris, puis un grand sourire s’installe sur son visage “Mais et alors ? C’est génial !”
- Génial ?
- Non mais je trouve ça super que tu m’en parles en fait. Je suis heureuse si tu trouves ton bonheur comme ça. Et moi en tout cas ça ne me dérange pas.
Le seul truc qui m’importe c’est que tu ailles bien.
- Ça me fait déjà du bien de t’en parler tu sais.
- Tant mieux alors !
- Enfin voilà… j’avais rencontré quelqu’un, mais ça ne se passe pas très bien. Il me plait beaucoup mais… c’est compliqué, avec notre taf.
- Notre ? C’est quelqu’un d’ici ?
Le sang d’Adam ne fait qu’un tour, il se paralyse. Il se rend compte de l’erreur qu’il vient de commettre. Il s’empresse de rectifier :
- Je ne peux pas te dire qui c’est Julie, même si je t’adore vraiment !
- Ne t’en fais pas. En tout cas je veux que tu saches que ça me touche beaucoup que tu te sois confié à moi, et je suis là si t’as besoin de quoi que ce soit.
Julie prend Adam dans ses bras, ce qui le fait sourire. Il trouve en elle une amie rassurante, même s’il ne peut lui confier l’identité de Timothé.
- Et puis ça me rassure sur le fait que t’aies jamais voulu me pécho ! lance Julie en rigolant.
Adam rigole. Se confier de cette manière à Julie lui a fait du bien, même s’il aimerait lui en dire plus.
- Ecoute Adam, je vais te dire un truc important. Je comprends que tu ne veuilles pas me confier tes problèmes, je te dis juste que si tu tiens à ce garçon, ne lâche rien. Il vaut mieux avoir des remords que des regrets.

LE LENDEMAIN MIDI -- CABINET DU PSY DE TIMOTHÉ

- C’est la première fois que vous avez ce genre de comportement violent ?
- Oui, mais parce-que c’est la première fois que quelqu’un me réveille. Habituellement je dors seul.
- Et qu’est-ce qui vous a amené à cet accès de violence ?
- Je n’en sais rien… je ne contrôlais pas. C’est comme si… je n’étais pas là. Quand je me suis réveillé, j’avais l’impression d’être là-bas. ​Je ne sais pas, je n’arrive pas à l’expliquer.
- Hm hm. Et dans ce rêve, c’était toujours la même scène ?
- Toujours oui. Mais certaines choses se sont ajoutées, des détails me reviennent.
- Quel genre de détails ?
- Je me suis souvenu de deux choses.
Le regard d’une femme que j’ai croisée quelques secondes avant. Et ensuite, je me suis souvenu que j’ai eu un problème avec mon arme, un incident de tir, elle était enrayée.
- Hm hm. Et à votre avis, pourquoi votre subconscient voulait vous cacher ces choses ? En quoi sont-elles traumatiques ?
- Je n’en sais rien.
- Hm hm. Et qui dormait avec vous ?
Un silence s’installe. Timothé ne répond pas.
- Vous ne voulez pas me répondre ?
- J’étais avec un garçon.
- Et pourquoi cela vous dérange-t-il ?
- Ça ne me dérange pas ! répond Timothé d’un air offusqué.
- Pourtant vous ne vouliez pas me le dire.
- Parce-que ça n’a pas d’intérêt en soit.
- Ça dépend, qui était ce garçon ?
- Un homme que je fréquente depuis quelques semaines.
- Votre petit ami ?
- On peut dire ça oui…
- Vous semblez très réfractaire à cette idée.
- Non pas du tout ! Au contraire… c’est quelqu’un que j’apprécie et avec qui, étrangement, je me sens bien.
- Hm hm.
- Quoi hm hm ? Vous ne faites que dire “Hm Hm” depuis tout à l’heure.
- Je me demande juste quel lien peut-il y avoir entre toutes ces choses.
- Quel lien ? Mais ça fait des mois que je viens ici et que vous cherchez un lien. Rien n’avance ! Rien ne change ! J’en suis encore à dormir par terre, à faire des cauchemars, et j’ai manqué d’ le mec que j’... !
Timothé s’arrête et marque un temps. Le psy le regarde avec un léger sourire et ajoute “Je crois qu’on a mis le doigt sur quelque chose là, non ?”
- On a mis le doigt sur rien du tout, ça m’a échappé c’est tout. J’avais ces cauchemars avant, je les ai encore aujourd’hui. Cette relation n’a aucun rapport avec ça.
- Hm hm.
- Arrêtez de faire “Hm Hm” franchement c’est agaçant…
- Monsieur de Launay, calmez-vous.
Timothé pousse un long soupir et glisse ses doigts dans ses cheveux, accoudé sur le fauteuil.
- Ecoutez, même si cette relation n’est pas à l’origine de votre problème, elle semble en tout cas provoquer chez vous des choses nouvelles, des sentiments que vous n’aviez pas ressenti depuis longtemps et qui vous font peur, à juste titre. Et je pense que cette relation, contrairement à ce que vous en pensez, change quelque chose dans l’équation. Car aujourd’hui vous avez une réelle motivation pour changer votre situation, mais aussi une certaine obligation à le faire. Le changement viendra de vous, je ne suis qu’un moyen et non pas une fin. La seule personne qui agit, c’est vous. Et la motivation dont vous avez besoin, le moteur qu’il vous faut pour vous engager dans cette réussite… c’est peut-être ce garçon. En quelques semaines, il a déjà réussi à vous faire dormir à nouveau dans un lit, ce que vous n’aviez pas fait depuis plusieurs années ! Alors certes ça n’a pas été une réussite, mais c’était une première. Quelle a été sa réaction ?
- Il a eu peur, répond Timothé en fixant le mur à côté de lui, comme pour dissimuler ses sentiments à son théute, “Je l’ai vu dans son regard. Mais après ça, il m’a dit qu’il souhaitait m’aider, mais ce n’est pas possible.”
- Et pourquoi ça ?
- Parce-que cette décision ne lui revient pas. J’ai failli l’ ! Je ne peux pas lui faire courir ce risque à nouveau.
- Hm hm. Ne serait-ce pas un peu facile ?
- De ?
- Et bien d’écarter la seule raison qui vous pousserait à sortir de la situation dans laquelle vous vous trouvez depuis plusieurs années et que, à mon sens, vous refusez d’affronter. En ayant trouvé cette parade de dormir par terre, de vous replonger dans des conditions similaires à votre OPEX et qui vous permettent de vous sentir en sécurité, vous avez écarté la problématique de vos cauchemars. Le problème, c’est que tout cela n’est que temporaire et vous le savez. Vous savez que ces cauchemars vont revenir tôt ou tard. Mais vous refusez de vous confronter à nouveau à ces traumatismes, alors que ça me semble nécessaire pour les traverser. Or ce garçon vous pousse vers cette voie. Vous savez pertinemment que si une relation sérieuse s’installe, vous devrez à nouveau affronter ce problème et le résoudre. Et ça, ça vous effraie autant que l’idée de vous attacher à lui. Ce que vous faites aujourd’hui, en prétextant le protéger, c’est une stratégie d’évitement, pour vous protéger vous.
- Je ne sais pas…
- Cette décision est autant la sienne que la vôtre. Et ne vous en servez pas comme d’un prétexte.

L’APRÈS-MIDI -- COMMISSARIAT CENTRAL

De retour au central, Timothé rejoint son bureau. Il porte aujourd’hui un costume de couleur bleu marine avec une chemise blanche et une cravate noire. Il a cette particularité de porter une chemise à col anglais, qui permet de mettre en valeur son nœud de cravate parfaitement exécuté et apporte une touche d’élégance et d’originalité, le différenciant encore davantage des autres. Il enlève sa veste qu’il accroche au dossier de son siège, puis s’installe. C’est alors que Jennifer Louvier, sa secrétaire, passe la porte :
- Patron ?
- Oui Madame Louvier ?
- Je vous apporte ce parapher, c’est à signer avant ce soir.
- Parfait, posez-ça là, je vous remercie, répond-il en sortant de sa veste un stylo plume de couleur noir.
- Ah oui et il y a Monsieur Garnier, de la brigade de proximité qui est passé plus tôt. Je crois qu’il souhaitait vous voir, mais il n’a pas donné suite.
- Et bien si c’est important, il repassera, répond Timothé sur un ton un peu froid, ce qui ne lui ressemblait pas. “Autre chose ?”
- Non patron.
- Parfait, je vous remercie Madame Louvier. J’ai du travail, j’aimerais éviter d’être dérangé s’il-vous-plait.
- D’accord, je vais filtrer vos appels et vos entretiens.
- Je vous remercie.
Timothé marque un temps, puis ajoute “Désolé si j’ai été un peu froid, je suis un peu fatigué aujourd’hui.”
- Pas de problèmes patron, je comprends, répond Jennifer avec un grand sourire avant de regagner son bureau.

Deux heures plus tard, occupé à rédiger une note de service, Timothé reconnaît la voix d’Adam dans le bureau de Jennifer, dont la porte qui le sépare du sien est restée ouverte.
- Le patron est revenu ou pas ?
- Oui mais il est occupé cet après-midi, il a demandé à ne pas être dérangé. Je peux prendre un message ?
- Non, non… je repasserai une autre fois, rien d’urgent.
- Non non c’est bon ! Je vais le recevoir Mme Louvier ! lance Timothé assez fort pour qu’ils l’entendent.
Adam entre alors dans le bureau de Timothé.
- Vous pouvez fermer la porte derrière vous s’il-vous-plaît Monsieur Garnier ?
Adam s’exécute, puis s'assoit en face de Timothé, qui termine son paragraphe avant de se tourner vers lui et de lui dire à voix basse pour ne pas être entendu :
- On ne peut pas régler ça une autre fois ? Pourquoi tu viens me voir dans mon bureau en pleine journée ?
- Détends-toi, officiellement je demande un changement de service, j’ai donc un prétexte.
- Et officieusement, qu’est-ce que tu veux ?
- Tu sais très bien ce que je veux.
- On en a déjà parlé…
- Non, tu en as parlé. Moi je n’ai rien dit.
- Parce-qu’il n’y a rien à dire ... j’ai failli t’ ! Tu t’en rends compte ou pas ?
- Et alors ? T’as cru que j’étais en sucre ou quoi ? Je suis flic je te rappelle, je me fais insulter à longueur de journée, il se passe pas une semaine sans que je me roule par terre avec un gars pour l’interpeller, sans même parler de mes combats de boxe… tu crois que ça me fait peur ?
- La question n’est pas là.
- Justement si, elle est là. Qui de nous deux a le plus peur là ? Certainement pas moi.
- T'insinue quoi là ?
- Tu sais très bien. Je t’apprécie Tim, sincèrement. Je me sens bien avec toi, comme rarement je me suis senti avec quelqu’un. Alors si tu veux gâcher ça, c’est ton choix. Mais porte tes couilles et ne me sort pas des excuses bidons.
Adam se lève et se dirige vers la porte, puis sort en lançant un dernier “Merci patron, bonne journée !”.
Timothé se lève et vient refermer la porte derrière lui. Puis il s’assoit sur son bureau et prend sa tête dans ses mains en poussant une longue expiration. Ses mains glissent dans ses cheveux pour venir les plaquer à l’arrière. Il baisse la tête. Sa gorge est nouée.

QUELQUES HEURES PLUS TARD -- TOUJOURS AU COMMISSARIAT

Tard dans la soirée, le commissariat est désert. Adam est seul dans la salle de sport. Torse-nu, il ne porte qu’un short noir en coton et des baskets avec de hautes chaussettes blanches Adidas. Il est occupé à faire des tractions quand la porte s’ouvre. Timothé entre, toujours sans sa veste mais avec sa cravate impeccablement nouée, les mains dans les poches de son pantalon de costume. Il s’approche d’Adam et l’observe faire ses tractions, avec un mélange d’envie et d’excitation.
- Je croyais qu’on ne devait pas se voir au Ciat ? (expression policière pour commissariat, ndla).
- Je ne suis pas là pour faire du mauvais esprit, je suis là pour m’excuser.
Adam termine sa traction puis relâche la barre et se laisse tomber devant Timothé. Ce dernier ne peut détacher son regard des pectoraux congestionnés d’Adam, son torse tané de métis légèrement brillant à cause de la sueur. Cette respiration haletante qu’il a, à cause du cardio monté lors des exercices, excite particulièrement Timothé ; elle lui rappelle leurs ébats mais lui donne aussi l’image d’une sorte d’animal sauvage qu’il devrait dompter.
- Ça m’intéresse alors…
- J’ai peut-être été… expéditif dans ma prise de décisions. Je sais que je te dois des explications, le problème c’est que je ne sais pas trop quoi te dire. Je sais juste que me confronter à nouveau à ces cauchemars me fait peur, et que c’est un problème que je dois résoudre. Seul. Et pour ça j’ai besoin de temps.
Adam termine de s’essuyer avec sa serviette, puis répond :
- Je comprends. Je me suis peut-être un peu emballé aussi. Mais c’est parce-que je t’apprécie et que… enfin voilà quoi.
- Je t’apprécie aussi tu sais, ne crois pas que je cherche à me débarrasser de toi. C’est tout le contraire.
- D’accord.
- Je ne t’embête pas plus longtemps. Bon sport ! lance Timothé en faisant demi-tour, toujours les mains dans les poches, avant de quitter la salle.
Adam quant à lui, reste quelques instants immobile à réfléchir à ce qu’il vient de se passer. Une idée lui vient, sans même terminer sa séance de sport, il récupère ses affaires puis s’en va.

LE SOIR -- APPARTEMENT DE TIMOTHÉ

Timothé est confortablement installé dans son canapé, occupé à ressasser le discours de son psy. Il ne sait pas trop quoi en penser, même s’il se rend bien compte qu’il a probablement raison. Mais il ne sait surtout pas comment gérer les sentiments qu’il a pour Adam et qu’il vient de verbaliser lors de ce rendez-vous. Il en prend conscience, mais il ne sait pas quoi en faire : les assumer, les révéler… ou les taire, les dissimuler en attendant de voir comment les choses évoluent.

On frappe à sa porte. Quand il ouvre, il découvre Adam sur le pas, avec un gros bagage à la main.
- Qu’est-ce que tu fais là ?
- Alors écoute, maintenant c’est toi qui me laisse parler. Je suis bien avec toi, pour la première fois de ma vie je me sens bien avec quelqu’un. Je n’ai pas envie de laisser passer ça. Et puis si je dois m’investir avec quelqu’un, c’est aussi pour les mauvaises choses. Donc voilà, je suis d’accord pour traverser ça avec toi. Je veux t’aider.
- Adam… je ne peux pas…
- Nan mais t’as pas compris... J’te demande pas ton avis là en fait. Tu l’as dis toi-même, là t’es pas mon patron, t’es mon mec.
Timothé se met à sourire en regardant Adam si déterminé, ça le touche et il trouve ça très attachant.
- Et c’est quoi dans ton sac ?
- C’est un tapis de sol et un duvet. Si c’est la seule solution pour dormir avec toi, alors ça me va. Bon je peux entrer ?
Timothé s’écarte pour le laisser entrer puis referme la porte. Adam pose son sac, puis se retourne sur lui : “Bon et maintenant tu m’embrasses et on baise ! On a assez perdu de temps comme ça !”

En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, les deux amants se retrouvent nus dans les bras l’un de l’autre, à s’embrasser langoureusement au milieu du séjour. Timothé finit par prendre tendrement Adam sur la table. Ce dernier, allongé sur le dos, les jmabes relevées et posées sur les épaules de son amant, ne peut détacher son regard de celui de Timothé, tandis qu’il le sent s’introduire en lui. Son plaisir est tout autant causé par le sexe de son compagnon que par le plaisir qu’il a conscience de lui donner, Timothé semblant vraiment apprécier ce moment et prendre son pied. Finalement, front contre front, ils finissent par jouir ensemble dans un concert de gémissements et de souffles haletants. Un large sourire, un petit rire partagé, un dernier baiser.

Comments:

No comments!

Please sign up or log in to post a comment!